Je suis aux Etats-Unis depuis plusieurs semaines et c’est ici que j’ai appris avec effroi la mort du jeune Adama Traoré à Beaumont sur Oise alors qu’il était aux mains des forces de l’ordre. Alors que la version officielle prétend qu’il a succombé à un malaise cardiaque, ses proches démentent vigoureusement . La mère de la victime dément tout antécédent médical de cet ordre , tandis que sa sœur affirme que son « frère a été assassiné par les gendarmes ». La famille n’a toujours pas pu voir le corps du disparu.

Adama Traoré était un homme noir.

Alors que depuis deux semaines les yeux du monde sont rivés sur les Etats-Unis, où la même semaine deux hommes noirs, Alton Sterling et Philando Castile sont morts, tués par des policiers, la mort d’un Noir français dans des circonstances analogues ne semble pas susciter la même émotion.

Chez les politiques, les voix des extrémistes habituels se sont élevées contre les manifestants en quête de vérité, pour déverser leur fiel nauséabond sans la moindre pensée pour les proches du jeune décédé.

Du côté de la classe politique plus traditionnelle, silence radio.
Ce sont des artistes et des anonymes qui ont adressé leurs vœux de solidarité à la famille.

Une grande partie de la couverture médiatique est assurée par des militants sur le terrain.

Et lorsque les médias relatent la tragédie, la dimension raciale est systématiquement omise. Pourquoi taire l’évidence?

Adama Traoré était un jeune homme noir, résidant dans un quartier populaire.

C’est sans aucun doute ce qui lui a coûté la vie. Car en France cela correspond au profil-type des malheureux qui meurent chaque années suite à une intervention policière, ce que dénonce Amnesty International depuis plusieurs années.

Dans notre pays où que l’on est si prompt à dénoncer le racisme des policiers américains, je suis frappée par cette incroyable faculté à omettre la dimension éminemment raciale de ce type de tragédies dès lors qu’elles surviennent sur notre sol.

Quelques jours après avoir marché auprès de mes camarades de #BlackLivesMatter à New-York, c’est avec une immense tristesse que je constate une fois de plus qu’en France comme aux Etats-Unis, le racisme se manifeste comme la production d’un système qu’il est urgent de démanteler.

Justice pour Adama !